Il faut commencer à penser un Etat commun dans lequel les ennemis d'hier apprendraient à vivre ensemble

2013


« (…) La question palestinienne est bien évidemment un élément complexe (…) Mais une nouvelle forme d’union démocratique pourrait, in fine, devenir un moyen de résolution de ce conflit. Si cette région du monde continue à être déchirée par deux nationalismes antagonistes, on aura une nouvelle guerre de cent ans (…) La solution de deux Etats pour deux peuples paraît aujourd’hui complètement dépassée. Car les Israéliens, avec le développement incessant des colonies de Cisjordanie, se sont enferrés à l’intérieur du territoire palestinien, qu’ils ont transformé en bantoustans. S’ils avaient été moins victimes de leurs propres mythologies, la paix à deux Etats aurait été envisageable, avec quelques échanges de territoires et des indemnisations. Mais ils ont manqué cette opportunité et nous devons dépasser la nostalgie des accords de « paix » d’Oslo en 1993.

 

« L’exemple sud-africain est utile, parce qu’il faut commencer à penser un Etat commun dans lequel les ennemis d’hier apprendraient à vivre ensemble. Même si cela semble lointain, un Etat en partage me semble aujourd’hui plus réaliste qu’une Palestine historique partagé en deux entités, l’une arabe, l’autre juive. Mais il faudrait sans doute un Mandela, juif ou arabe, voire deux, pour faire vivre les deux composantes de la Palestine historique dans un même Etat démocratique (…) ».

 

Moncef Marzouki

L’invention d’une démocratie. Les leçons de l’expérience tunisienne

La Découverte, 2013, pp. 155 et 156


Il ne saurait y avoir qu'un seul Etat, où Juifs et Arabes vivraient ensemble

2013


« (…) Lorsque je lui parle du projet de reconnaissance d’un Etat palestinien, elle le rejette comme une chimère et marque son désaccord avec Salam Fayyad. Pour elle, il ne saurait y avoir qu’un seul Etat, où Juifs et Arabes vivraient ensemble (…)

 

« Mon internaute m’explique que la plupart des Juifs n’ont aucun attachement à Israël et qu’ils en partiront dès lors que l’Etat unique deviendra majoritairement arabe, au gré du déséquilibre démographique (…) ».

 

Gilles Kepel

Passion arabe. Journal, 2011-2013

Gallimard, 2013, p. 29


VOYAGE EN PALESTINE OCCUPEE ET EMMUREE

Mur entre Israël et Palestine

Mai 2005

Voici, dans le PDF ci-dessous, mes notes prises lors d'une mission d'observation civile en Palestine à laquelle j'ai eu l'occasion de participer en mai 2005.

 

Dans l'espoir qu'on y trouvera des passages intéressants et que cette bien modeste contribution aidera à mieux faire prendre conscience d'un drame scandaleux et permanent qui se joue à quelques petites heures d'avion de chez nous.

 

Vers quoi vont les Israéliens et les Palestiniens : vers la guerre permanente ? la disparition d’un des deux Etats ? le maintien de l’équilibre de l’insécurité permanente ? la création d’un Etat binational ?… Nul ne sait.

 

Ce qui est sûr, c’est que la question palestinienne se pose à la conscience du monde. Ce qui est avéré, c’est que l’on assiste dans ce Proche Orient à un nouvel apartheid, à une épuration ethnique – soft. Ce qui est certain, c’est que soixante ans après avoir été martyrisé et génocidé par les nazis, le peuple juif soumet à la terreur d’Etat et tourmente à son tour, différemment qu’il le fut lui-même, tout un peuple.

 

Ce qui est évident enfin, c’est que se taire serait la faute la plus grave. Se taire devant les 450 km du mur de l’apartheid déjà construits et les 300 km supplémentaires qui se profilent à l’horizon bouché. L’impardonnable serait de rester muet suite à l’encerclement et à l’étouffement du peuple palestinien, devant son humiliation, devant l’occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem Est par Israël, face à la souricière pour Palestiniens que constitue Gaza. Le pire, serait de participer au silence de la communauté internationale qui tolère le déni de droit international que commet Israël en refusant d’appliquer les multiples résolutions de l’ONU.

 

L'humiliation, l'emprisonnement, l'épuration ethnique des Palestiniens ne peut que susciter la révolte violente de leurs jeunes – partout où ils le pourront ! L'occupation crée la pauvreté qui à son tour engendre l'insécurité : il n'y a point de meilleurs obstacles à la paix que ces trois éléments-là !

 

Par ailleurs, le sort fait aux Palestiniens est ressenti par tous les peuples musulmans comme une humiliation permanente de l'Orient par l'Occident (Israël – inconditionnellement soutenu par les Etats-Unis - est assimilé et fait d'une certaine manière partie de l'Occident). A cause de cette humiliation, l'Orient tentera de se venger de l'Occident. La Palestine constitue ainsi l'épicentre d'un séisme de violence qui touche(ra) le monde entier !

 

Bonne lecture de ces notes qui décrivent à leur manière une tragédie vécue dans l'ignorance – pire : dans l'indifférence ! – du monde occidental, dont les Belges et la Belgique font partie.


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Voyage en Palestine occupée et emmurée.p
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En mai 2005, à l'initiative de "Présence et Action Culturelle" du Hainaut Occidental, une mission civile, à laquelle participaient cinq Athois, se rendait en Palestine. De gauche à droite sur la photo : Christophe Lison, Walter De Kuyssche, Guy Spitaels, Odette Lambert et Christian Cannuyer, que l'on voit ici en face de l'Arbre de la Paix planté grâce au soutien de la Ville d'Ath, sur la Place de Bethléem. Sur la plaque fixée sur une paroi de la grande vasque ont peut lire : "L'arbre de la paix. Gratitude à ceux qui ont choisi de garder l'espoir en vie. Commune d'Ath Belgique. Je suis âgé de 500 ans. Je fus déporté sans ma permission de mon site originel, la terre de Th. Khamis à Bir Ona Beit Jala, de la même manière que des milliers d'arbres à travers toute la Palestine, afin de constrtuire le mur de l'Aparheid. Je suis toujours en vie !"

 

L'olivier de la liberté que les Athois ont contribué à (re)planter là-bas à Bethléem, en terre palestinienne déchirée, rejoint ainsi la devise de leur géant tutélaire : "Je n'sus nieu co mort !"

 

Puisse cette formule être prémonitoire pour les deux nations qui se combattent, et particulièrement pour la plus victime des deux. Puissent ces deux peuples ne pas mourir et, enfin respectueux l'un de l'autre, vivre un jour en paix.